Une stratégie pour la Pac post-2027 qui fera des « perdants »
Dans un rapport rédigé par l’Inrae et l’Iddri, les auteurs préconisent une prochaine Pac fondée sur des technologies vertes, l’agroécologie et des régimes alimentaires plus sains. Une vision qui ne fera pas que des heureux, préviennent-ils.
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Sur commande du Parlement européen, l’Inrae et l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) ont publié en janvier un rapport sur les orientations à donner à la Pac pour l’après-2027. Par la combinaison de plusieurs priorités, les auteurs recommandent un plan à long terme pour lequel ils ne voient « pas de réelle alternative ».
Au menu, « réduction des émissions de gaz à effet de serre » (GES) qu’il serait « impensable et dangereux » de ne pas prioriser, la « protection de l’environnement » et des régimes alimentaires plus « sains ». Pour écarter toute ambiguïté, les auteurs lancent un avertissement. Leurs conclusions ne plairont pas à « ceux qui estiment que la priorité devrait être de maintenir, et si possible d’augmenter, le niveau de toutes les productions végétales et animales ».
Plusieurs règles de la Pac assouplies (06/12/2024)
La répartition actuelle « biaisée »
Pour les auteurs, la priorité numéro 1 est de ne pas « affaiblir » les ambitions environnementales et climatiques de la Pac sur l’autel de la « simplification ». Un message à la Commission européenne et aux gouvernements qui ont entrepris de relâcher certaines exigences depuis les manifestations de 2024. Autre orientation recommandée, une meilleure distribution du soutien aux producteurs « en faveur de ceux qui en ont le plus besoin ».
Dans leur viseur, une répartition des paiements directs par hectare « biaisée en faveur des plus grandes exploitations », selon l’Inrae et l’Iddri. Malgré les dernières réformes qui vont dans ce sens, les auteurs insistent pour la mise en place de nouveaux outils d’évaluation des revenus et de la redistribution pour corriger les inégalités.
Un bâton « trop gros », une carotte « trop petite »
Le rapport fait en outre état de ses réserves sur l’idée de prix minimums garantis qui « soulève des problèmes majeurs de mise en œuvre pratique. En particulier, il sera très difficile, voire impossible, d’accroître la protection des importations et de subventionner les exportations sans violer les règles de l’OMC », préviennent-ils. Ils estiment par ailleurs que cela présente le risque « d’exacerber les inégalités au sein de l’agriculture ».
Sur le plan environnemental, l’Inrae et l’Iddri suggèrent de nouveaux outils moins coûteux et plus facile à implémenter que ceux utilisés actuellement. Constatant que les agriculteurs jugent aujourd’hui que « le bâton est trop gros et la carotte trop petite », les auteurs invitent à se pencher sur des outils fiscaux pour inciter à de meilleures pratiques. « Les systèmes de taxes et de remboursements, qui combinent divers instruments, sont particulièrement utiles », jugent les rapporteurs, citant l’exemple danois et son plan de réduction des émissions de GES en élevage notamment.
Des éleveurs pénalisés
Les auteurs de ce rapport estiment qu’il ne sera pas possible de réformer la Pac sans tenir compte de la consommation. C’est pourquoi « les régimes alimentaires par la politique alimentaire et le commerce par la politique commerciale » doivent y être associés. Des politiques qui, de l’aveu même des rapporteurs, feront des « perdants » et qui « affecteront de façon disproportionnée les éleveurs ».
Car les politiques alimentaires devraient orienter vers la consommation plus importante de fruits et légumes au détriment des produits animaux, selon les rédacteurs. « Les régimes alimentaires sont déséquilibrés parce qu’ils contiennent trop de calories, sont trop riches en graisses, en sucre, en sel et en produits carnés, et sont trop pauvres en fibres, en fruits et en légumes », estiment-ils. Une orientation qui devra être compensée par un budget plus important pour les producteurs qui souffriraient des conséquences mais aussi pour les consommateurs les plus précaires qui verraient les prix alimentaires augmenter.
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